Nicolas Sarkozy dans le Tarn-et-Garonne mardi 15 mars Sophie Poux ou le blues des producteurs de lait expliqué au président
Productrice de lait dans le village de Lacour, en Tarn-et-Garonne, Sophie Poux rencontre Nicolas Sarkozy pour la troisième fois mardi. Une nouvelle occasion, pour elle, d'exposer posément les difficultés d'une profession qui peine à vivre de son travail.
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« Tout le monde veut venir, ils veulent presque dormir avec nous la nuit avant » la venue du président de la République mardi.
Sophie Poux, 40 ans, avait été propulsée sous les feux de la rampe en janvier 2010 par l'émission "Paroles de Français" face à Nicolas Sarkozy sur TF1. En février 2011, elle l'a rencontré une nouvelle fois lors d'un déjeuner réunissant les participants aux deux éditions de l'émission.
« Je veux juste expliquer ma vision des choses »
Question (Q) : Quel est votre objectif pour cette troisième rencontre?
Réponse (R) : "Je suis un peu privilégiée, mais ça serait un peu bête de se priver de cette occasion car on ne peut pas aller plus haut. Je vais lui refaire un petit bilan de la situation des producteurs de lait d'abord, parce que c'est ce que je connais le mieux, mais aussi de tout le reste de l'agriculture. Je veux juste expliquer ma vision des choses, le malaise qu'il y a sur le terrain. Et ce de façon polie. Il ne vient pas pour se faire agresser.
Q : La situation de la profession, qui a été confrontée à une grave crise du prix du lait en 2009, a-t-elle évolué ?
R : Le prix du lait a augmenté de 10 % en 2010 mais les charges principales, le gasoil - les tracteurs ça ne marche pas à l'eau -, et les céréales pour alimenter les bêtes, ont flambé de 20 à 100 %. Donc forcément, c'est mathématique, ça coince encore plus .
Q : Vous ne vous en sortez pas ?
R : J'ai un quota de 489.000 litres de lait mais je ne le fais pas car le prix n'est pas bon. En 2010, j'ai produit 400.000 litres seulement. Quand vous travaillez à perte, plus vous en faites, plus vous perdez de l'argent. On a vendu le litre de lait entre 28 et 29 centimes pour un coût de revient de 31,4 centimes. Et là dessus, il a fallu que j'emprunte pour mon salaire et celui de mon mari Jérôme. Psychologiquement, c'est pas facile.
Travailler pour rien ce n'est pas logique
Q : D'où vient cette volonté de vous battre, vous qui êtes une porte-parole de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) ?
R : Travailler pour rien ce n'est pas logique. Je ne supporte pas qu'on prenne les gens pour des esclaves. La façon dont je réagis, c'est peut-être parce que moi j'ai eu des congés payés un jour et un salaire (Ndlr : Sophie Poux est une ancienne vendeuse qui a épousé en 1999 la profession de son mari).
Q : Vous évoquez aussi des pistes pour en sortir ?
R: Râler pour râler ça ne sert à rien. Il faut essayer de faire percevoir à tout ce monde agricole qu'il y a des solutions à trouver en bonne intelligence. Je suis pour l'écologie responsable. Je n'ai pas de remède miracle pour faire baisser le prix du gasoil mais économiser, ça c'est faisable. Il faut revenir à des cultures qui polluent moins, arrêter de produire pour produire, arrêter de surconsommer.
Q : Pensez-vous que cette nouvelle rencontre permette du changement ?
R : J'espère que Nicolas Sarkozy fera en sorte que ça change vite. Je ne sais pas si on peut inverser la machine aussi vite mais je garde espoir. Moi, je n'ai pas le pouvoir de changer les choses, c'est lui qui l'a.
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